Soigner les riverains comme on soigne ses pommes de terre

Soigner les riverains comme on soigne ses pommes de terre

Non loin du pôle agricole Gembloutois, à Walhain, Jean-Pierre Van Puymbrouck se préoccupe de la qualité de ses relations avec les riverains autant que de la qualité de ses tubercules. Si la pandémie a fortement impacté ce secteur-phare de notre agriculture, il n’est pas pour autant question de faire des concessions sur cette double exigence.

Installée à Walhain depuis 1980, la famille Van Puymbrouck décide en 1994 de se tourner vers la production de pommes de terre, culture iconique de notre plat pays. De fil en aiguilles, la production augmente peu à peu pour atteindre une valeur de 16.000 tonnes annuelles, à destination de l’industrie agro-alimentaire, industrie de transformation majoritaire sur notre territoire en ce qui concerne les débouchés des fameux tubercules. Ainsi, en Belgique, premier exportateur mondial de produits surgelés à base de pomme de terre, c’est environ 85% de la production totale qui trouve place au sein des 18 entreprises belges de transformations. On comprend assez vite l’importance de la culture pour l’économie agricole belge, et en ce sens, l’importance des hommes et des femmes œuvrant chaque jour pour nourrir une quantité colossale de personnes à travers le monde.

La patate dans le sang, et la qualité du produit dans l’ADN de l’exploitation familiale

Nous utilisons des produits phytos de manière raisonnée

C’est dans ce contexte que Jean-Pierre Van Puymbrouck, – il travaille avec sa femme et ses parents -, a trouvé sa place, alliant métier et passion. Car ce produit noir-jaune-rouge ne fait pas seulement des émules chez les consommateurs, mais également chez nos producteurs. Et s’il y a des virus actuels que l’on aimerait voir disparaître, certains ont heureusement la peau dure. C’est le cas du bon virus «  la passion de la pomme de terre » comme le surnomme Jean-Pierre Van Puymbrouck.  C’est la raison pour laquelle la ferme Van Puymbrouck mise sur une valeur centrale : la qualité.

« C’est un produit noble, qui nécessite une certaine exigence de culture. D’où l’importance de valoriser la qualité de nos pommes de terre ». Et cette exigence culturale passe, entre autres, par l’utilisation de produits phytopharmaceutiques, indispensables à la production. « C’est une question de bon sens ; les plantes ont besoin de médicaments, au même titre que les humains. De plus, nous utilisons des produits phytopharmaceutiques de manière raisonnée. ». L’objectif ici n’est pas la pulvérisation à tout va mais bien une attention spécifique, chaque fois réfléchie, aux besoins nutritionnels et sanitaires des plantes.

Jongler habillement entre la quiétude des riverains et les impératifs météorologiques

Les horaires de travail sont adaptés au calme local, privilégiant le travail au champ lorsque les voisins sont absents

Tout comme la période d’arrachage, et la terre que cela déplace, ou les allées et venues de charroi, les soins peuvent parfois être perçus comme problématiques pour les riverains. Jean-Pierre Van Puymbrouck, conscient des désagréments que son métier peut engendrer a mis en place toute une série d’itinéraires techniques afin de pallier d’éventuels problèmes de voisinage. Et l’agriculteur y connait quelque chose ; le riverain le plus proche se trouve à seulement 10 mètres de son exploitation, dans le hameau de Libersart. La pulvérisation, par exemple, ne s’effectue si possible qu’entre 09h et 14h, plage horaire durant laquelle les riverains travaillent, et jamais par grand vent (c’est une obligation légale). La taille des gouttelettes et la hauteur de la rampe sont constamment ajustés en fonction des conditions climatiques. Les horaires de travail sont également adaptés au calme local, privilégiant le travail au champ lorsque les voisins sont absents. Protégés des éventuelles odeurs, les riverains le sont aussi, de même que de la rencontre avec le ballet des différents transporteurs nécessaires au bon fonctionnement de sa ferme. Pour ce faire, les allées et venues sont programmées lorsque le trafic est faible sur les routes.

On le comprend, il n’est pas question pour le producteur de faire un choix entre cette double exigence, la qualité du produit et les relations de voisinage. Et puis, surtout « la clef, c’est le dialogue. Si tu parles avec les gens, il y a toujours moyen de trouver des terrains d’entente ».