Quand les pommes de terres se vendaient toutes seules…

Le distributeur automatique de pommes de terre permet de laisser le consommateur se servir lui-même, au rythme de son planning

Depuis bien longtemps, les producteurs réfléchissent à des manières d’être à la fois au four et au moulin. Certains d’entre eux ont finalement trouvé une méthode leur permettant de s’occuper aussi de la vente sans y laisser tout leur temps.

Déléguer la vente pour s’affairer aux champs, l’idée n’est pas neuve. Et celle du distributeur automatique non plus. L’histoire a gardé les traces des supposés premiers automates du type, les datant à 215 avant Jésus-Christ chez les grecs et les égyptiens (les premiers modèles fournissaient des petites gorgées d’alcools sous forme de boules de coton gorgées de vin). Si le concept est par la suite resté longtemps inusité, il a pris de l’ampleur au cours du XXème siècle pour finalement devenir un élément de notre paysage quotidien à part entière.

Un gain de temps, et depuis longtemps

Les distributeurs automatiques sont souvent remplis de produits provenant directement de la ferme toute proche

Les distributeurs automatiques sont souvent remplis de produits provenant directement de la ferme toute proche

L’invention a tout pour plaire : laisser le consommateur se servir lui-même, au rythme de son planning, sans devoir allouer du temps ou un salaire à la vente. Il n’en fallut pas plus pour convaincre de nombreux agriculteurs wallons, dont le temps est précieux. Fleurissent ainsi de ci de là des distributeurs automatiques de produits frais, prêtant main forte à des familles paysannes ayant souvent plusieurs obligations à remplir, entre les champs et la ferme. Différentes initiatives ont été mises en place pour favoriser leur utilisation, notamment dans la région du Hainaut avec une carte interactive situant les différents points de ventes automatisés.

Gain de temps et promotion des circuits courts

Les producteurs associés ont la possibilité de proposer leurs récoltes dans un point de vente commun, dont ils ne doivent pas ou peu s’occuper

Si le gain de temps offert par ces systèmes autonomes apparaît comme l’élément phare poussant à la transition, ce n’est évidemment pas le seul.

L’installation permet également de s’investir dans les circuits courts locaux, fournissant de la sorte un point de vente privilégié pour les produits frais de la région. Car les distributeurs automatiques, s’ils sont souvent remplis de produits provenant directement de la ferme toute proche, assurent un lien entre producteurs voisins. Cette association est bénéfique pour tout le monde : l’exploitation principale propose une gamme plus variée de produits en complétant son offre avec celle du réseau agricole local, et les producteurs associés ont ainsi la possibilité de proposer leurs récoltes dans un point de vente commun, dont ils ne doivent pas ou peu s’occuper.

Le système offre en outre une grande souplesse, en termes de quantités et de conditionnements, et avec la possibilité de diversifier les variétés et ce, grâce à un nombre de casiers modulable. Par ailleurs, la rotation du produit présenté est facile à gérer par le producteur lui-même, permettant ainsi une bonne maîtrise de la qualité au fil du temps.

Un questionnement récurrent pour les innovateurs est celui de l’attrait des consommateurs pour ce type de relation commerciale, qui semble faire perdre le caractère humain, souvent apprécié par les gourmets se déplaçant jusqu’à la ferme. Dans la région du Condroz, l’un des producteurs de pommes de terre ayant franchi le cap s’exprime sur la question : « Si nous avions peur de perdre les clients qui valorisent les échanges que l’on peut avoir lorsqu’on se rencontre à la ferme, la réalité est tout autre : nous touchons de nouveaux clients, souvent plus jeunes, qui n’avaient parfois pas l’occasion de venir lors des heures d’ouverture du point de vente direct, en raison de leurs horaires. Et les clients qui privilégiaient nos discussions continuent à venir nous voir lorsque nous sommes à la ferme ». L’installation redynamise ainsi à son échelle le paysage rural, mêlant une plus grande flexibilité pour les amoureux des bons produits, et un soulagement pour les producteurs en quête de nouveaux débouchés peu chronophages.

L’un des enjeux est alors d’adapter la taille des conditionnements, afin de proposer des volumes correspondant le plus possible aux appétits des amoureux des bons produits.  Encore une manière ingénieuse de réjouir la filière agricole, et leurs fidèles consommateurs !